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Les repas

Les petits plats dans les grands ! Ce n'est pas tous les jours Noêl... alors imaginons que nous sommes devant le menu d'un Le Nôtre ou d'un Loiseau. Un peu de poésie ne peut que rendre tout son lyrisme à notre soirée Dégustation... Harengs coupés en tranche, venant s'allonger majestueusement sur les draps de sauce au curry (pleine de petits morceaux de cornichons russes) préalablement étalée avec générosité sur les tranches de pain noir riche en céréales... "SkÅl" (pour info, S pour Skonhed = Beauté ; K pour Kærlighed = amour ; A pour Ånd = esprit et L pour liv = Vie) : tous les verres se tendent... les sourires incrédules apparaissent... inspiration : 2 gorgées d'aquavit parfumée à l'aneth pour se rincer la bouche. On change d'assiette (un principe : ne jamais manger autre chose que du poisson dans une assiette ayant déjà accueilli du poisson !)

Nouvelle assiette, nouvelle tranche de pain noir aux céréales. Trône au centre de la table le pâté de Noêl : un pâté de foie de porc servi tiède qui s'étale avec tendresse... "SkÅl" Attention, show devant ! Boudin blanc chauffé au four, rissolé à la poêle, d'un diamètre deux fois supérieur à celui que l'on connaît. Les grandes assiettes offrent leur espace pour inviter les champignons revenus à la poêle, les lardons, le choux frisé vert haché menu en chair à purée et les pommes de terre sucrées. Ah, les pommes de terre sucrées... un pur bonheur ! Il s'agit de faire sauter des pommes de terre en gros carrés et d'ajouter quelques morceaux de sucre... Subtile saveur !

"Skål", cette fois-ci, on porte un toast soit au vin rouge (rare), soit à la bière de Noêl (Juløl) qui fait environ 7 degrés. Le dessert de Noêl : un riz au lait aux amandes, endimanché et très sucré. Des amandes ont été grossièrement broyées. Une seule est indemne... c'est celle-ci qu'il faut trouver dans son ramequin pour recevoir le cadeau de Noêl de l'hôtesse. Un des Danois invités a trouvé l'amande dès la première tournée de riz au lait. Très courtoisement, il n'a rien dit et la conserver dans la bouche. Il a attendu que tout le monde ait été resservi pour annoncer la "bonne nouvelle". Sauf que... à malin, malin et demi ! Nous avons repris du riz au lait pour l'amande, soit... mais le Danois a eu un petit cochon en pâte d'amande pour cadeau ET il déteste la pâte d'amande !

 

Les anniversaires de mariages

25 ans de mariage... Attention, au Danemark, on ne plaisante pas avec les anniversaires... 12,5 ans de mariage, ca se fête, 25 ans aussi ! Quand on dit : « on fête », on fête en grand ! Alors, la veille des 25 ans après le grand OUI, (ca tombait un lundi soir), dès 19 heures, je me suis retrouvée avec tous les voisins du quartier, qui avaient en charge la préparation secrête de la décoration extérieure de la maison.

Si, si, c'est une tradition. On a coupé mille et un petits morceaux de branches de jeunes sapins, puis sur une corde de 6 metres, avec un fil de fer, on a commencé à les placer, de facon à masquer la corde. On a habillé de la même facon une autre corde et deux arceaux. Ensuite, avec une grande variété de fleurs coupées, on a cherché des harmonies colorées. Ainsi : association d'une marguerite blanche avec une branche de rosier pompon couleur fushia ; mariage d'un glaïeul rose pâle avec des feuilles d'un eucalyptus rouge, etc. Le garage des voisins etait rempli de petits bouquets, reliés par un long fil de fer. Ensuite, quand les arceaux et les cordes furent habillés de sapin, on a installé les micro compositions florales à intervalles réguliers, de facon à apporter une note de couleur dans la verdure du conifère.

Pas mois de trois heures furent nécessaires pour venir à bout des arceaux et des cordes fleuries, on était une quinzaine de personnes du voisinage à s'activer joyeusement. Vers 22 heures, on a fait une "pause café" chez un des voisins. Ils ont pour habitude de se recevoir les uns les autres tres souvent, car les cafés sont en ville et les additons sont élevées. Rien que pour une pause café, il y a toute une mise en scène : une très grande table avec une nappe en faux velours, des bougies, des petites assiettes pour les tranches de pain noir ou de pain de mie, une tasse et sa sous-tasse, un couteau et une petite cuillère, des serviettes en papier comme au restau, en harmonie avec la nappe.

Au beau milieu de la table, il y avait plusieurs plateaux en argent contenant toute sorte de tranches de saucissons, de viande, de pâté, de fromage (style gruyère sans trous, format carré), des sauces fausse mayonnaisse avec des éclats de noisettes et d'ananas dedans ou des petits pois / carottes. En fait, j'ai réalisé que la pause café danoise, c'est carrement le casse- croute, à 22 heures, avec bières, café, thé !

Tous les voisins se sont mis a papoter sur la fête des 25 ans de mariage du lendemain et de samedi (car elle se fête en deux temps : le mardi matin, c'est pour fêter le vrai jour du OUI, le samedi, c'est pour danser et chanter toute la nuit entre amis). D'ailleurs, pour le samedi, ils avaient préparé une chanson sur un air connu, en modifiant les paroles pour mieux les adapter à Marguerite et Karsten. Pour finir cette pause café, nous avons porté des toasts avec de petits snaps. Vers 23h15, on était d'attaque pour pousuivre l'opération top secrête « d'habillage de maison ».

Donc, on a emmené les cordes et les arceaux fleuris, pour tout fixer sur la facade de la maison. Le balcon a été enguirlandé de cordes. Tout a été fixé à force de trous de perceuses et autres matos. Ils avaient même découpé une forme de blason-coeur dans du contreplaqué pour mieux le placer au-dessus de la porte d'entrée, avec comme inscription : "Félicitations - Margirt+Karsten 10/09/77 - 10/09/02". La touche finale de toute cette mise en scène a été double : l'installation d'une chaussure de femme et une chaussure d'homme bombées en argent, ainsi que la pose d'une grande feuille de papier d'argent devant la porte d'entrée, de facon à ce que le lendemain matin, les habitants de la maison aient à déchirer cette feuille pour sortir. Bien entendu, tout cela se fait dans leur dos, ils n'ont pas à intervenir, ni à fournir quoi que ce soit. Nous nous sommes couchés vers 1 heure, bien fatigué. Le lendemain, dès 5 heures, la maison remuait.

Je me suis levée vers 6 heures et des 6h30, les voisins commencaient à se réunir dehors, devant la maison décorée et surtout ornée de drapeaux danois de partout (sur le mât familial bien sûr, mais aussi dans tous les massifs de fleurs). On s'est mis à attendre patiemment 7 heures. Ici être en retard est une faute grave ! Un manque de respect évident ! Vers 6h45, un trio de cuívre est arrivé, qui a distribue des chansons.

A 7 heures tapantes, il y avait environ 70 personnes dehors. Le trombonne a balancé ses premieres notes, les voisins, amis, connaissances ont entonné un premier chant, en fixant avec impatiance la feuille d'argent qui masquait l'entrée. Au milieu de la deuxieme chanson, la feuille d'argent a commencé à trembler, et Margirt et Karsten ont decoupé la feuille en respectant une sorte de forme de coeur. On a vu leur visage par cette béance, puis, ils ont complètement déchiré la feuille pour sorir sur le péron. Ils étaient habillés comme en 1900 : longues chemises de nuit blanches, avec pour la femme, un bout de calecon long en dentelle qui dépassait de la chemise brodée. Elle est sortie la première, pour vider son pot de chambre dans le massif et là : « oh... surprise : il y a du monde dehors ! ». A son tour, Karsten est sorti, nous avons commencé la troisième chanson...

A la fin, Karsten et Margirt nous ont invité à venir prendre le café... Pas moins de huit tables avaient été installées dans leur grande maison, et un peu comme nous, lors des communions ou des mariages, tout le monde, les 76 personnes présentes, se sont retrouvées autour d'une table decorée de bruyère, à la nappe de velours rapé soit argent, soit gris foncé... C'était reparti pour une pause café (!), avec charcuterie, pâté, concombre, poivrons rouge, jaune, orange, vert, crêmes de fromage et sauces mayonnaise d'accompagnement, etc. Ensuite, à nouveau, chansons et premier snaps : le gammel dansk. Pas moins de 3 snapps, et après avoir porté un toast et bu cul sec la liqueur, ce n'est pas un "hip hip hip hourra" qui est lancé, mais un "Ouha-Ouha-Hé-hé hé"... Sorte d'aboiement et de cri de guerre. Les invités ont apporté des cadeaux en tout genre : bougeoirs, bouteilles de vins, argent, fleurs. Les gens ont commencé À partir vers 8h15 pour rejoindre leur bureau et la maison était quasiement déserte à 9 heures. Le noyau dur d'amis et de famille qui avait pris sa journée, est resté jusqu'à 16 heures, pour continuer à fêter, manger, papoter... La suite, c'est pour samedi ! Oui, parce que maintenant, il faut danser et faire la nouba toute la nuit. Donc, ils ont loué une maison pour la fête (costumes et robes du soir sont de mise. La première salle des fêtes de Silkeborg date de 1840, c'est celle-ci qu'ils ont louée.